Les mendiants de l'emploi

Coup de gueule de Marianne.

Mendiants de l'emploi, voyez nous ne sommes plus seuls!

 

Marianne nous rejoint et nous sommes très heureux de l'accueillir car nous partageons et elle partage notre combat.

 

Voici ce qu'elle écrit.

 

 

Lettre Ouverte de Marianne à Marianne

« Seniors où allons-nous ? »

Le mot senior, utilisé de nos jours pour éviter l’emploi des termes de « vieux « ou « âgé », devrait logiquement évoquer la sagesse et inviter au respect. Cela est hélas de moins en moins le cas, dans notre société actuelle qui mise tout sur la jeunesse. Dans le monde du travail, un senior est une personne en activité professionnelle qui arrive ou est déjà arrivée en deuxième partie de carrière et dont l’âge se situe donc entre 45 (jeunes seniors) et 65 ans ou plus (seniors confirmés et retraités).

Il semblerait que le passage au grade de « senior » soit nettement plus agréable pour certains que pour d’autres. En effet, si certains seniors, hauts cadres confirmés de l’Etat peuvent quoi qu’il arrive continuer à exercer leurs fonctions et toucher salaire, primes, indemnités, et retraite à l’identique; d’autres plus malchanceux voient leur vie entière réduite en bouillie après les passages consécutifs du cap de la cinquantaine, de la crise, du chômage, de la maladie, et que sais-je encore…. Et quand certains d’entre eux arrivent tout juste à survivre, se privant de bon nombre de plaisirs et menant une vie austère, d’autres succombent aux conditions climatiques (froid, inondations) intenses et peu clémentes, à la faim, à la misère et/ou à la maladie dans la quasi indifférence générale.

Nous sommes tous chaque jour un peu plus floués par les seniors élus, mandataires et représentants de la Nation. Et tandis que nous, simples seniors du peuple, sommes obligés de « nous serrer la ceinture » pour payer le prix de leurs erreurs; ces derniers dorment tranquillement sur leurs deux oreilles, leurs bas de laine et leur notoriété

 

que nous leur permettons de conserver.

Et chaque jour, de nouveaux seniors viennent rejoindre, vivre et subir le cauchemar de la médiocrité, du chômage, et de la précarité, conséquences de décisions prises à la hâte par un clan d’élus privilégiés qui n’ont qu’un but : continuer à amasser et capitaliser pour eux-mêmes, tout en gaspillant les deniers publics pour réaliser leurs caprices, invoquant l’intérêt de la Nation et ruinant les moins prévoyants d’entre nous.

On nous a pourtant enseigné à tous les valeurs symboles de la République : « Liberté, Egalité, Fraternité »… et l’on continue illusoirement à les transmettre à nos enfants qui se demandent bien ce que cela signifie dans une société où l’on bafoue chaque jour un peu plus les libertés publiques et individuelles, où l’égalité n’existe plus qu’en théorie et où la fraternité disparaît au profit du chacun pour soi.

On nous dicte notre vie, on bafoue la nature et notre planète, on abrutit nos enfants, on n’écoute plus les

 

vieux et l’on ne respecte plus l’expérience… Aucune réelle mesure concrète n’est prise pour que cela change, les ordinateurs et les machines dominent notre vie et la conditionnent au nom de la rentabilité, on nous fait peur en nous rebattant les oreilles avec la crise économique et le chômage pour qu’au final ceux qui ont un travail même minable soient contents de leur sort et se taisent.

On augmente l’âge de la retraite, dont le montant diminue, tout en inventant des contrats « d’avenir » pour embaucher des jeunes inexpérimentés en premier emploi, et des contrats « seniors » pour embaucher des vieux expérimentés mais en fin de course, le tout à moindre coût, dévalorisant ainsi diplômes et expérience. Ainsi les employeurs peu scrupuleux n’ont que l’embarras du choix. Mais si les jeunes ont encore l’âge de vivre d’espoir, d’amour et d’eau fraîche, les seniors réclament du concret, ayant encore devant eux des années de vie active à combler, et pour certains des « enfants » à nourrir et à éduquer … Ces enfants auront-ils d’ailleurs la chance de pouvoir poursuivre leurs études ou devront-ils les sacrifier pour pouvoir faire vivre leurs parents ?

 

En notre qualité de seniors, nous devons donc accepter d’avoir cotisé toute notre vie active pour nous retrouver complètement démunis à notre retraite, quand l’élite des hauts placés et autres privilégiés bénéficie encore de tous ses avantages, la crise n’étant pour elle qu’un spectre qui ne l’atteindra jamais ? Et nous continuons naïvement de nous laisser berner, quand d’autres s’enfuient le plus loin possible de cette France dans laquelle ils ne se reconnaissent plus et ne fondent plus le moindre espoir.

On entend dire tout autour de nous : il n’y a pas de travail… Mais aucune mesure n’est prise pour créer des emplois utiles… Des emplois pour prévenir les catastrophes résultant des changements climatiques comme consolider les digues, surveiller les terrains, construire des logements pour tous en zone sécurisée, surveiller les abus et le gaspillage, arrêter la pollution, sauvegarder notre planète, reconstruire ou prévenir un équilibre que nous avons détruit et continuons à détruire. Avons-nous besoin de construire de somptueux bâtiments publics quand nous manquons cruellement de logements sociaux ? Allons-nous continuer à nous laisser dicter notre conduite et laisser une poignée d’hommes et de femmes dépenser les deniers publics quand de plus en plus de nos compatriotes sont ruinés et crèvent de faim et de froid dans les rues ? Combien de temps allons-nous attendre sans réagir ?

Pourquoi suis-je si virulente ? Parce que je vis actuellement cette situation de chômage, que pour m’en sortir il y a deux ans quand j’ai été en fin de droits, j’ai dû accepter de me solder à des employeurs peu scrupuleux qui ont profité sans aucun complexe de la situation. Mais même en étant conciliante « parce qu’il faut vivre » il y a un moment où cela suffit. Etre embauchée avec un statut polyvalent en CDD et au SMIC et se retrouver bouche cousue et pieds et poings liés, à se lever tous les matins sans aucun plaisir pour un emploi « alimentaire », où l’on gaspille ses forces, ses capacités et son mental en se dévaluant c’est insupportable et inacceptable!

Je m’appelle Marianne, et ce n’est pas innocent, car mes parents ont toujours adhéré aux valeurs de la République, qu’ils m’ont transmises à travers mon prénom, ce dont je suis fière. J’habite en Province, je suis une femme de mon époque, cadre, diplômée et expérimentée. Je ne désire qu’une chose, gagner correctement et honnêtement ma vie, car je dois depuis peu assumer quasiment seule la charge de mes enfants, étant séparée de fait et en instance de divorce. Ce sont deux adolescents intelligents, scolarisés l’un au collège et l’autre au lycée. Je n’ai pas d’argent pour déménager, fuir ailleurs, ou créer une entreprise vouée à être étouffée sous les taxes. Voilà bientôt quatre ans que j’ai atteint l’âge « canonique » de 50ans et que je recherche un travail stable pour faire vivre mes enfants. Mais invariablement, les portes du marché du travail se referment sur mes candidatures, n’étant guère au final qu’une quelconque chômeuse de plus à laquelle on ne prend même plus le temps de répondre parce que « le marché du travail est saturé vous comprenez »…

Mais NON je ne comprends pas, et je refuse de comprendre car Il me faut éduquer mes deux enfants, les aider à s’orienter professionnellement, les blanchir, les loger et les nourrir avant qu’ils puissent voler de leurs propres ailes.

 

Et comment puis-je décemment l’envisager si je dois accepter des postes dévalorisants où je suis totalement exploitée et qui me permettent tout juste de payer les charges et le loyer ? Comment puis-je leur dire de rester dignes et de ne surtout pas se décourager quand moi-même je le suis ? Comment peuvent-ils envisager l’avenir sereinement quand moi-même je ne sais comment m’en sortir ?

Malgré des années d’expérience professionnelle dans des domaines d’activités très différents, je n’ai même plus accès à un travail qui corresponde à ma formation et mes compétences… Je n’ai pas les moyens de créer mon entreprise, mes services sont considérés d’office comme trop chers, et je dois taire mes diplômes, me solder, et accepter sans broncher tout ce que l’on me propose, y compris des emplois où je me retrouve payée au même prix que des plus jeunes sans aucune expérience… Jeunes que je dois former et surveiller, tout en débordant de reconnaissance envers mes « bienfaiteurs » que sont ces providentiels employeurs qui m’ont « sortie du ruisseau », et qui estiment donc normal de profiter en retour gratuitement de mon expérience au nom de la polyvalence (une aubaine).

Oui, « Mes seniors », on méprise notre intelligence, notre vécu et notre expérience, on nous rabaisse en nous priant de nous contenter de ce que l’on a, alors que nous survivons tout juste et que si cela continue nous n’aurons bientôt plus rien. Mais si nous ne sommes pas « vieux « , nos diplômes n’ont plus aucune valeur, et notre expérience professionnelle n’a d’intérêt que si nous l’offrons. C’est la crise, alors contentons-nous des miettes que l’on veut bien nous lancer…

 

Eh bien moi je dis NON : Venez donc vivre notre vie Messieurs-dames qui nous gouvernez bien à l’abri dans vos cages dorées! Venez voir de quel bois nous nous chauffons ! Quand agirez-vous réellement pour le bien commun en prévenant la misère et en empêchant qu’elle ne se propage ? Quand allez-vous décemment arrêter de dépenser des sommes folles pour « faire campagne » en choisissant enfin de consacrer cet argent à aider vos semblables à résoudre leurs problèmes vitaux ?

Détrompez-vous, ceux qui sont en train de crever dans la rue actuellement ne sont pas des fainéants, ils ont eux aussi contribué -lorsque cela était possible et que l’on voulait encore d’eux- à vous payer, vous et tous les représentants étatiques qui dissertent ou dorment sur nos dossiers, et revendiquent effrontément leurs droits acquis -quand les travailleurs du privé paient pour perdre tous les leurs. Pourquoi prendrions-nous tous les risques, quand nos propres dirigeants et haut-fonctionnaires sont incapables de couper leurs frais, de laisser de côté une partie de leurs salaires, primes et autres avantages, de renoncer à certains « acquis » pour participer à un effort réellement collectif ?

Ceux que nous avons propulsés à des postes clés ont la responsabilité et le devoir de montrer l’exemple en « se serrant eux aussi la ceinture », pour faire en sorte que nous ayons tous un toit, du pain et du travail dans un pays libre et indépendant. Pour ces personnes « inatteignables », le chômage n’est qu’un mot vide de sens, et s’ils embauchent de nouveaux fonctionnaires, ce ne seront jamais des seniors, bien trop vieux pour l’Etat…

Réveillons-nous ! Que nous soyons seniors en activité ou au chômage, ou même retraités, jeunes ou moins jeunes… Relevons la tête, soyons dignes et exprimons-nous tant que nous pouvons encore le faire librement. Montrons que nous sommes des citoyens

 

LIBRES qui refusons de voir l’argent gagné à la sueur de nos fronts englouti dans les caisses percées de et par l’Etat, qui refusons de voir leurs droits et libertés disparaître un à un, et qui demandons que soit appliqués EGALEMENT les mêmes principes à tous AU NOM DE la FRATERNITE.

Il ne peut être question de rester isolés sans broncher à attendre des « jours meilleurs » ou l’éventuelle réalisation d’hypothétiques promesses, alors que l’union fait la force. Il est capital que nous fassions entendre d’une seule et même voix notre ras le bol, nous qui vivons quotidiennement la triste réalité. Nous devons désormais refuser catégoriquement de nous appauvrir plus, et nous devons exiger des pouvoirs en place des mesures concrètes et immédiates.

« Charité bien ordonnée commence par soi-même » alors Messieurs les Dirigeants montrez-nous de quels sacrifices personnels vous êtes réellement capables…Serrez-vous donc réellement la ceinture et assumez vos responsabilités.

 

Si vous renoncez à vos privilèges, nous aurons peut-être les moyens de trouver les solutions adaptées pour que cessent les injustices et inégalités dans notre Pays, et qu’ainsi nous retrouvions tous le sourire et la fierté d’être de nouveau rassemblés sous la bannière de mon homonyme.

Marianne Pittion-Rossillon

12 Mars 2014

Senior et cadre, chômeuse parmi tant d’autres

 

 

Merci Marianne pour ton témoignage.

 

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Je vous invite à le faire et à le faire partager à tous vos contacts.

 

Merci par avance.

 

 

Patrice

 



26/03/2014
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